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Bibitte et cie
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22 avril 2011

La vraie histoire de la première chienne dans l’espace !

LaïkaÀ peu près tout le monde sait que Laïka fut la première chienne à voyager dans l’espace. Mais connaissez-vous vraiment son histoire ainsi que celles des autres chiens de l’espace qui, à l’origine, étaient tous des chiens errants recueillis dans les rues de Moscou?

En fait, la première utilisation de chiens dans l’Histoire de la conquête de l’espace débute le 15 août 1951 avec Dezik et Tsygan lorsqu’ils effectuent avec succès un vol suborbital. Dezik fait un autre vol avec Lisa en septembre mais les deux chiens ne survivent pas. Ce furent les deux premières victimes de l’exploration spatiale.

Toujours en septembre 1951, Malyshka et Smelaya sont prêts à partir mais cette dernière, la veille du départ, fugue dans la forêt avoisinante infestée de loups. Après une journée de recherche, on finit par la retrouver et le vol a finalement lieu sans encombre. C’est ainsi que pendant plusieurs années, de très nombreux vols suborbitaux d’essai avec une douzaine de chiens sont effectués souvent avec succès et parfois avec échec. Une chienne, Otvazhnaya effectue même cinq vols en altitude de 1950 à 1960.

Mais le sacrifice et les efforts de tous ces chiens sont tombés dans l’oubli. Un seul nom a passé l’épreuve du temps, Laïka. Son histoire débute véritablement le 4 octobre 1957, lorsque l’URSS met finalement en orbite Spoutnik I, son premier satellite. Une petite sphère qui fait le tour de la Terre pendant 22 jours, sans personne dans son habitacle.
Une dizaine de jours après le lancement, Nikita Khrouchtchev, le président russe, ordonne de mettre immédiatement en orbite un autre satellite avec cette fois-ci, un être vivant à l’intérieur afin de célébrer le 40e anniversaire de la Révolution bolchevique qui aura lieu le 7 novembre. Sergei Korolev, chef du programme spatial, lui signale qu’il est impossible d’être prêt avant le mois de décembre. Khrouchtchev, qui veut impressionner les Américains, insiste et en moins de trois semaines, Spoutnik II voit le jour, sans design préliminaire et sans véritable test de fiabilité. Une précipitation qui allait s’avérer fatale.

C’est ainsi que le dimanche 3 novembre à 22 h 28, Spoutnik II qui signifie compagnon de route, prend son envol avec, évidemment, un chien à son bord ! La nouvelle fait le tour du monde et bientôt, plus personne n’ignore le nom de Laïka, qui signifie en russe, petit aboyeur et qui désigne aussi une race de Huskie. De là, la confusion concernant son nom à l’échelle mondiale car dans les faits, Laïka se nomme Kudryavka ! Dans les laboratoires de recherche, les scientifiques lui donnent même différents surnoms comme Zhuchka, Kurdrajevskaya ou Limonchik. Les Américains, eux, la surnomment, Muttnik !

Laïka, petite chienne errante des rues de Moscou, au pelage court noir et blanc, âgée de deux ans, pèse six kilogrammes, est extrêmement calme et docile. Ce sont ses qualités qui lui permettent d’être sélectionnée comme les autres chiens errants du programme spatial et de passer au travers un entraînement qui consiste principalement à supporter une combinaison de cosmonaute, vivre dans une toute petite cage (sa cabine pressurisée ne mesure que 80 cm de long), résister aux forces G, à un bruyant simulateur de vol ainsi qu’à de nombreuses vibrations. Sa combinaison qui laisse passer la tête, les pattes et la queue est reliée à des courroies, elles-même fixées aux parois du Spoutnik et de la cabine capitonnée. La chienne peut à peine se lever, se coucher et se nourrir d’une ration quotidienne composée d’Agar-agar, une gélatine obtenue à partir du collagène des tissus animaux (os, peau, etc), à laquelle on ajoute une base de viande, de pain en poudre et de graisse. Un réservoir de caoutchouc relié à la portion arrière de sa combinaison récolte son urine et ses excréments. C’est d’ailleurs pour simplifier cette dernière opération que l’on préfère sélectionner des femelles.

Laïka est installée dans sa cabine trois jours avant le départ, non sans avoir été lavée puis désinfectée aux endroits où sont installées les électrodes. Car, Laïka est sous haute surveillance ! De nombreux fils émanent de son costume, informant les scientifiques de son rythme cardiaque, de sa fréquence respiratoire, de ses activités motrices et de sa pression artérielle. Une caméra et un émetteur radio permettent, au travers d’un hublot de verre, d’observer ses faits et gestes. Évidemment, d’autres instruments de mesure permettent de calculer la température de la cabine ainsi que la pression atmosphérique. Des spectromètres évaluent l’émission de rayons X et d’ultraviolets émis par le soleil.

Selon un rapport d'Alexandre Tochlev, secrétaire de l'Académie soviétique des sciences, lors du décollage où le bruit est assourdissant et la vibration extrême, Laïka commence à haleter furieusement. Désemparée et stressée, elle gigote énormément, tandis que son coeur bat à un rythme trois fois plus élevé. Lors de la période d’accélération, elle se retrouve plaquée au sol de sa cabine.

Une fois en orbite, Laïka découvre l’état d’apesanteur et son rythme cardiaque chute dramatiquement pour revenir à un nombre de battements à peine supérieur à la normale.

Dès le départ, il est entendu que Laïka ne reviendra jamais vivante sur Terre car le Spoutnik n’est pas équipé pour ce genre de manœuvre. Selon certaines sources officielles de l’époque, le septième jour dans l'espace, sa ration de nourriture doit contenir un poison destiné à l'euthanasier. Selon d’autres, il est initialement prévu que Laïka meure d'un manque d'oxygène, dix jours après le lancement ou qu’un gaz mortel soit relâché au bout de quatre jours. Mais rien ne fonctionne comme prévu…

Et ce n’est qu’en 2002, lors du World Space Congress qui se tient à Houston, que la vérité éclate grâce aux confidences du Docteur Dmitry Malashenkov de l’Institut russe des problèmes biomédicaux.

Selon le scientifique, voici ce qui s’est réellement passé : juste après sa mise en orbite, le satellite ne se sépara pas des réacteurs comme il était prévu, ce qui causa de graves problèmes de régulation thermique. Au bout de quatre ou cinq heures de vol, on assista alors à une dramatique élévation de la température à l’intérieur de l’habitacle (41°C). Comble de malheur et surtout faute de planification, la capsule ne possédait aucune protection contre les radiations solaires, ce qui augmenta encore plus la chaleur.

A compter de la cinquième heure, on n’enregistra plus aucune donnée de la petite chienne. Tout donne à penser qu’elle mourût après être tombée dans le coma, non sans avoir atrocement souffert de la chaleur, de déshydratation et de convulsions.

Contrairement à la version officielle qui fera croire à l’ensemble de la planète pendant des décennies au succès de cette mission, elle fut en fait un échec !

Le 14 avril 1958, le cercueil spatial de Laïka se consume dans l'atmosphère, 163 jours après son lancement. La dépouille de Laïka a accompli 2 570 révolutions de 104 minutes autour de la Terre et a couvert une distance d’environ 100 millions de kilomètres.

Le 19 août 1960, deux autres chiennes, Strelka (petite flèche) et Belka (écureuil), partent dans l’espace à bord de Spoutnik 5 pour revenir cette fois-ci, saines et sauves sur Terre après 18 orbites. Elles sont accompagnées de 40 souris et deux rats. Pour la petite histoire, il est intéressant de savoir que quelques mois après son voyage, Strelka donne naissance à six chiots! Un de ces bébés, Pushinka, est donné aux enfants du président John F. Kennedy, non sans avoir passé entre les mains du FBI qui avait peur que des micros aient été dissimulés à l’intérieur du chiot…

Après ce vol réussi, de nombreux autres chiens retournèrent dans l’espace au cours des années soixante. Au total, 14 chiens sont ainsi mis en orbite dont quatre trouvèrent malheureusement la mort. En 1966, Verterok (petit vent) et Ugolyok (petit morceau de Coal) établissent un record en passant 22 jours en orbite. Ils reviennent sur Terre vivants le 16 mars 1966.

Depuis 1997, Laïka, cette étoile filante de l’aéronautique russe possède sa propre plaque commémorative au cœur de Star City, tout près de Moscou.

Michel Pepin M.V.
www.veterinet.net

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